Basket - Équipe nationale féminine : Adiós Alberto, welcome Otis, et on reprend à zéro…

RECORD l’avait annoncé le 25 juin dernier. La Fédération sénégalaise de basketball ne va pas tarder à officialiser l’arrivée du double champion d’Afrique 2019 et 2021 avec les D’Tigress du Nigeria, Otis Hughley Jr. L’information est officieuse pour le moment mais le bruit court à gauche et à droite. Le technicien américain prendra fonction dans quelques jours pour préparer le tournoi de pré-qualification à la Coupe du monde.
Selon les informations glanées, il y avait même une réunion entre le président de la Fédération Me Babacar Ndiaye, le Directeur technique national Raoul Toupane, et certains membres du staff technique des Lionnes. Le technicien espagnol a été informé de la décision prise par la Fédération. Qui en veut à Alberto Antuña Leal ? Le TQO raté est-il la raison de la non-reconduction de son contrat ? Est-ce vrai que c’est Cierra qui tire les ficelles avec l’appui de son lobby local ? RECORD a mené ses investigations pour permettre à l’opinion publique de savoir les tenants et les aboutissants de cette affaire.
Alberto s'en va...
Porté à la tête de l’équipe le 8 novembre 2023, Alberto Antuña Leal avait comme objectif de qualifier les Lionnes aux JO. La mission était presque impossible face au Nigeria, à la Belgique et aux États-Unis. C’est vrai que le Sénégal avait fait douter le Nigeria. Les choix de l’entraîneur n’avaient pas convaincu, surtout dans la composition de son 12 et la rotation face aux D’Tigress. Mais le coach ne connaissait pas toutes les joueuses. «Il n’a eu que 2 ou 3 jours de travail avec l’équipe. Il ne connaissait pas le nom de certaines joueuses», confie une source. Cela ne le dédouane pas mais les responsabilités sont partagées entre la Fédération et la Direction technique nationale. L’équipe avait d’infirmes chances de se qualifier aux JO. Il fallait mettre en place un staff local et se projeter sur les prochaines échéances.
Juste après le tournoi d’Anvers, le technicien espagnol a continué le travail en élaborant une base de données de toutes les joueuses pouvant renforcer l’équipe nationale. Il a envoyé une liste de plus de 20 joueuses à la Fédération depuis le 2 mai. Dans sa planification, l’équipe devait entrer en regroupement vers la fin du mois de juillet. Le staff pouvait donc travailler avec un groupe élargi et réduire au fil des jours. Le planning prévoyait même des matchs amicaux avec le Rwanda, l’Angleterre et l’Argentine dans la période du 15 au 18 août. Alberto Antuña Leal et ses adjoints ont donc tout planifié à l’avance. Mais la Fédération a toujours voulu se séparer de l’entraîneur espagnol. Alberto Antuña Leal a fait d’énormes sacrifices pour prendre l’équipe nationale. Il a accepté des choses parce qu’il a cru au projet proposé et surtout à la qualité des joueuses sénégalaises. Il a été combattu comme, avant lui, Cheikh Sarr ou Moustapha Gaye.
Le lobby de Cierra…
Le départ d’Alberto Antuña Leal a été programmé depuis Anvers. En effet, l’Espagnol aurait remis Cierra Dillard à sa place. La joueuse avait refusé de jouer au poste 1 (meneuse) lors du match contre la Belgique. Un argument qui ne tient pas car elle a été naturalisée pour renforcer ce secteur. La seule chose qui tient, c’est que Cierra ne scorait pas beaucoup pendant que Yacine Diop et Ndioma Didi Kane brillaient. Alberto Antuña Leal aurait clairement dit à Cierra ses vérités. «Tu vas jouer meneuse ou rester sur le banc. Le Sénégal t’a naturalisée comme meneuse. Et si tu n’es pas performante, tu n’as pas de place réservée», aurait dit le technicien espagnol à Cierra.
La meneuse américaine veut disputer le leadership de l’équipe à Yacine Diop. Cierra Dillard est soutenue par le lobby local qui a entrainé la démission de Moustapha Gaye au poste de Directeur technique national. On se souvient tous du post de Cierra Dillard après la défaite face au Nigeria en finale. Elle s’était attaquée directement au sélectionneur national. Dans les vestiaires, certains membres du staff et de la Fédération avaient pris position pour la joueuse.
Ce groupuscule de personnes a installé un clan des «Siciliens et Siciliennes» dans la sélection nationale et au sein même de la Fédération. Ils tiennent en otage le président de la Fédération. Pire, ils lui trouvent des ennemis ou adversaires pour la prochaine assemblée générale élective de 2027. Il y a une animosité ou de la jalousie entre les personnes, alors qu’elles doivent piloter le même projet. Ces gens oublient que le niveau d’études et la connaissance du basket diffèrent. Le basket a évolué et le management des équipes demande plus que de l’expérience. C’est un savoir-faire et un savoir-être pour atteindre les objectifs fixés. Un manager est un individu chargé de superviser et de diriger une équipe ou un groupe de personnes au sein d'une organisation. Il est généralement responsable de la mise en œuvre des objectifs stratégiques. Et pour finir, de la gestion des ressources humaines et matérielles pour atteindre ces objectifs.
Éternel recommencement…
Alberto Antuña Leal est parti parce qu’il n’a pas voulu être dans les compromis ou compromissions. Le lobby de Cierra Dillard va parier sur Otis Hughley Jr qui aura comme mission de gagner l’Afrobasket féminin. Ce n’est pas en changeant de sélectionneur à la veille de chaque campagne qu’on va reconquérir le titre africain. Les changements vont retarder le processus et on sera dans un éternel recommencement. On gagnerait à travailler dans la durée et mettre fin aux connexions dangereuses et autres influences négatives dans la tanière. Otis Hughley Jr sera le 3ème sélectionneur des Lions depuis le départ de Cheikh Sarr en novembre 2019. Il y a eu Moustapha Gaye (2019-2023) et Alberto Antuña Leal (novembre 2023- juillet 2024). L’arrivée de l’Américain pourrait chambouler la composition du staff technique dans les jours ou mois à venir. Il n’y a aucune planification dans le long terme. On veut gagner à tout prix. Otis Hughley Jr a remporté 2 Afrobasket féminin (2019 et 2021). Tapha Gaye eu le même nombre de titres (2019 et 2015) pour 5 finales disputées. Pourtant, il a été combattu par le lobby en interne en plein tournoi à Kigali. Donc, ce n’est pas un problème de compétence. On peut avoir un «sale caractère» et réussir sa mission. Chacun de nous à ses qualités et défauts, il faut juste œuvrer pour l’intérêt général. Mais les clivages et autres coups bas plombent la bonne marche du basket, fort de ses 24 titres (11 Afrobasket dames, 5 Afrobasket masculin, 7 Jeux Africains en dames et 1 chez les hommes). Le basket mérite des hommes et femmes de valeurs qui le font rayonner et non attendre des primes ou autres petits privilèges.
Mor Bassine NIANG