Lamine d’or

C’est la deuxième fois de sa vie que Lamine Camara (20 ans) marque au stade Louis-II. La première fois, c’était en octobre 2023 avec le FC Metz, un soir où son équipe avait perdu (1-2) mais où il avait beaucoup gagné. Ce soir-là, sa frappe tendue de 58 mètres qui avait lobé Philipp Köhn lui avait déjà permis de faire la une des journaux. Et probablement aussi de renforcer sa cote en Principauté, où il était un milieu de terrain relayeur déjà suivi par les recruteurs du club.

L’ASM n’a pas été la seule à courir après Camara au prin- temps dernier, mais c’était un peu cher pour l’OM, et malgré les envies pressantes de Medhi Be- natia de le recruter, Marseille n’a pas pris le risque d’investir 15M€ sur un joueur en devenir. Onze mois plus tard, le Sénégalais a cette fois marqué à Louis-II avec le bon maillot, celui du cente- naire de l’ASM, si classe et si beau, ce noir, ce blanc, et l’écusson rouge qui saute aux yeux.

Il y a des buts plus historiques que d’autres et celui-là le restera. Face à Montpellier (2-1), c’était un soir où Monaco ne pou- vait pas ne pas gagner, sous les yeux de ses légendes d’hier et d’avant-hier, du Prince Albert II et de tout ce que la Principauté compte d’éminences. À quatorze secondes près, c’était pourtant râpé, mais l’ancien Messin, entré en jeu à la 67e minute à la place d’Eliesse Ben Seghir, a tout emporté par sa frappe poteau rentrant dans le but du pauvre Dimitry Bertaud, si bon pendant longtemps mais trop court d’un avant-bras (2-1, 90e + 8).

Meilleur joueur de son équipe alors qu’il était remplaçant
Il a changé le décor et l’ambiance et donné à la fête qui a suivi une al- lure de triomphe. Fêter une vic- toire ou faire semblant de se réjouir d’un nul, ce n’est pas vraiment la même histoire, et, sans cette mine d’or du Sénégalais, tout le monde serait allé au lit bien plus tôt. Ces deux points de plus, grattés à l’énergie sur un joli mouvement bien amené par Denis Zakaria et Breel Embolo, ce sont ceux qui continuent de maintenir les Monégasques à hauteur du PSG, en tête du Championnat. Ça durera le temps que ça durera, mais Camara est passé par là. Avant de taper le poteau de Bertaud et de voir le ballon glisser lentement derrière la ligne, le Sénégalais avait déjà failli marquer deux fois. D’une frappe au-dessus en pivot (90e), et d’un tir repoussé par Bertaud, trois minutes plus tôt (86e), après un relais avec Em- bolo. En trente minutes sur le terrain, dont huit de temps additionnel, Camara a été le meilleur de son équipe, le plus présent sur les actions chaudes, l’un des plus saignants et l’un des plus déterminés à faire basculer cette soirée du bon côté. Au micro de DAZN, il n’a pas dit grand-chose, simplement qu’il était «super content d’avoir marqué et d’avoir aidé l’équipe devant toutes ces légendes». Il a trouvé ça «super» et toute la Principauté aussi. Il a raison, ça l’était.

Régis TESTELIN (L'Equipe)