Abdoulaye Bibi Baldé : « Si les gens veulent fouiner ou décider à la place du Directeur général, c’est impossible»

samedi 4 décembre 2021 • 1242 lectures • 2 commentaires

Économie 2 ans Taille

Abdoulaye Bibi Baldé : « Si les gens veulent fouiner ou décider à la place du Directeur général, c’est impossible»

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Suite au limogeage du Directeur de Poste Finances, Saliou Fédior, le Directeur général du groupe La Poste, Abdoulaye Bibi Baldé, revient sur les principales raisons de son acte. Il explique également la situation financière de La Poste et l’état de recouvrement des prêts accordés au personnel et à des fournisseurs. Une pratique qu’il dit avoir banni de la boîte.

Monsieur le directeur général de la Poste, pourquoi des syndicalistes se sont levés pour prêter main forte à l’ex-directeur général de Poste Finances, Saliou Fédior? 
On voit tout le temps des manifestations au sein de la société La Poste. Ce sont des choses courantes. Mais, à chaque fois, j’en appelle toujours à la sérénité et que les travailleurs, surtout les syndicalistes, se mettent au travail. Tant qu’il n’y a pas de travail dans cette société, il n’y aura pas de résultats. La société va continuer à accumuler des déficits importants. Aujourd’hui, il y a même une crise de confiance entre les Sénégalais et La Poste. Pour revenir sur ce qui s’est passé. Je pense que je suis un chantre de la transparence. D’ailleurs, ils le savent. Je leur ai dit cent fois que moi, je quitterai La Poste en milieu de carrière. Donc, il y a des choses que je ne ferais pas. Ici, tout est transparent. Maintenant, si les gens veulent fouiner ou décider à la place du Directeur général, c’est impossible. Les syndicats ne peuvent pas décider à la place de la Direction générale. C’est une précision importante à faire. 
  
Saliou Fedior aurait été limogé pour avoir déposé une plainte pour recouvrer de l’argent prêté à des fournisseurs. Est-ce réellement cela ou existe-t-il d’autres vous motifs liés à son départ ? 
C’est beaucoup de problèmes en même temps. D’abord, il y a eu une question de management. Je prends les administrateurs de Poste Finances à témoin.  Pendant le Conseil d’administration du 25 novembre 2021, il (Saliou Fedior, Ndlr) a failli se battre avec un de ses directeurs. Et moi, je ne peux pas faire confiance à cette équipe. Or, aujourd’hui, ce qui est le plus important, c’est le cap indiqué par le Président de la République : la restructuration de La Poste, notamment la directive de faire migrer Poste Finances vers une Banque. Et, pour ça, il faut de la sérénité, une confiance vis-à-vis des populations et une équipe qui travaille, de manière complémentaire, ambitieuse, dynamique. Ensuite, il y a l’absence de cap de visibilité. Aujourd’hui, vous pouvez aller à Poste Finances, vous ne verrez pas un document stratégique d’orientation. Tout ce que la maison mère n’impulse pas, ça ne se fait pas. Ce qui est incompréhensible. L’autre acte que je ne peux tolérer, c’est l’insubordination. Poste Finances, n’a pas de patrimoines. Toutes les ressources sont celles de la maison mère. Tout juste pour vous dire que c’est moi qui administre les ressources humaines. Je peux les ramener à tout moment à la maison mère. Donc, on ne peut pas dire que la décision de limoger le directeur de Poste Finances est illégale. C’est une décision légale car ce sont mes administrés. Ici, tout est interne.  Ce sont des rapports de subordination quand bien même il y a un conseil d’administration. Car c’est une société créée à l’intérieur d’une autre. Je suis le Président de ce conseil d’administration et je signe le contrat de travail avec lui. Et, je peux y mettre fin à tout moment. Il y a eu un problème de confiance, de dynamisme, d’orientation…
Etes-vous surpris par la tournure des évènements ?
Ce qui s’est passé est une coïncidence de trop. Il y a eu un rapport de vérification. Nous envoyons pour faire des vérifications dans tous les centres et bureaux sur l’ensemble du territoire national. Ce qui est une routine. La dernière remonte au 4 juin 2021. Sur ce document, il y a un excédent comptable. Il n’y a pas de déficit au niveau des deux agences : Poste Finances et Agence principale de Poste Finances et l’Agence du centre financier. L’excédent comptable pour le Centre financier est de de 889 millions de francs Cfa et pour l’élément d’encaissement 891 millions de francs Cfa et un résultat excédent de 1 145 000 francs Cfa. Donc, il n’y a pas de déficit. Il y a un résultat excédentaire. Maintenant, on comprend tous que comme il y a des éléments d’encaissement, constitués d’une partie de liquidité et une autre en chèques. Ce qui peut entraîner un problème de liquidité. Car, environ 80% de l’encaissement est constitué de chèques, environ 200 volets de divers signataires. La plupart de ces signataires sont le personnel de la Poste à cause des avances, des fournisseurs et certains retraités qui bénéficient des prêts. Cette pratique est certes illégale et irrégulière, mais qui existe dans l’entreprise depuis 10 ans. Et dès qu’on a été informé de cette pratique, nous avons essayé de prendre des mesures. Nous avions constaté, qu’il y avait toujours des problèmes de liquidité alors qu’il n’y avait pas de déficit dans les différents rapports.
Quelle est la faute commise par l’ex Directeur de Poste Finances ?
Et quand, nous avons convoqué le Conseil d’administration, le 25 novembre, le directeur de Poste finances savait qu’on allait aborder ces questions. C’est ainsi qu’il s’est précipité de prendre des mesures sans informer à l’avance les administrateurs. Je peux comprendre qu’il ait pris des décisions mais, elles ne peuvent pas correspondre à l’efficacité, ou ne peuvent pas être bien appréciées. Il a porté plainte dans un dossier interne où il n’y a pas de déficit, mais un problème de recouvrement. Parce que tous ceux qui ont bénéficié de ces prêts sont mes agents. Mon option n’est pas de les emprisonner où d’entamer des procédures judiciaires contre eux. Ce qui donnerait une mauvaise image de la Poste. Je préfère que cela soit géré à l’interne. Tout en sachant que nous allons mettre un terme à ces pratiques, dans la paix et la sérénité en interne. L’acte qu’il a posé est en contradiction avec mes principes. Pire, il ne m’a même pas averti. Il y a donc un problème de confiance. C’est moi qui ai signé son contrat de travail. 
N’est-ce pas qu’il a porté plainte pour pouvoir récupérer l’argent prêté au personnel et autres fournisseurs ? 
Comment peut-on recouvrer l’argent, si les personnes sont en prison? Ça risque d’être très difficile. Je n’ai pas besoin de ça dans cette entreprise qui a d’énormes difficultés. J’ai besoin de travailler dans un cadre apaisé. Parce que nous devons travailler afin de produire des résultats. Ce qui m’inquiète également, Poste Finances n’a aucun document stratégique.
Est-ce qu’on peut connaître le montant recouvré?
Depuis le mois de juin, certains ont commencé à rembourser. C’est pour cette raison que je n’ai pas compris cette précipitation. Nous n’avons pas fait le dernier point, mais il faut souligner que les choses avancent. Le recouvrement se fait. Franchement je ne suis pas en mesure de vous donner un chiffre exact. Je peux interroger mon équipe.  Ce qui me préoccupe c’est d’avoir une équipe qui me garantit les conditions optimales, de tranquillité pour travailler. En ayant en ligne de mire nos objectifs. Ceci est  notre choix, notre mode de fonctionnement et de gouvernance.  
Est-ce normal que des fournisseurs qui ne sont pas des employés de la Poste puissent venir bénéficier de prêts?
Je vous dis que ce n’est pas normal car c’est une pratique illégale. Ils n’ont pas le droit de faire des prêts. Même si on veut aller vers ça, mais il n’ont pas le droit, c’est anormal. Je vous dis que dans beaucoup d’entreprises, il existe des prêts internes. Dans nos recommandations vous avez bien vu que ces pratiques seront bannies. A l’addition, nous avons recommandé de mettre en faveur et en urgence  dans la plus grande discrétion du possible, le recouvrement efficace. 
On parle également d’un personnel pléthorique. Ne pensez-vous pas à une réduction du personnel ?
Le personnel est quand même surdimensionné et pléthorique, compte tenu de nos charges du moment et de nos produits, car tout est à relativiser. Mais, on a à peu près 300 agences, un personnel permanent d’environ 3000. Donc, si on fait le rapport, ça fait dix personnes par agence. Or, il y a des agences qui peuvent absorber entre 15 et 20 personnes. Donc, de façon absolue, on n’est pléthorique. Mais, aujourd’hui, dans le cadre d’une restructuration, il faut penser à avoir la taille optimale pour avoir des bénéfices et limiter les pertes. 

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Des départs volontaires…
Voilà, et ça se négocie avec l’État, avec les syndicats, avec le personnel. Mais je pense que si nous voulons la pérennité de l’entreprise, il faut aussi explorer cette voie. 
Après la mesure de limogeage du directeur général de Poste Finances, Saliou Fédior, il a été dit que vous avez envoyé des nervis pour empêcher l’ex-Dg d’entrer dans son bureau ? 
J’ai appris avec ahurissement que j’ai envoyé des nervis, alors que c’est entre eux-mêmes (Ndlr : les syndicalistes) qu’ils se battaient. Je suis au-dessus de ça. Je suis un homme de paix. Je n’étais pas au courant, je n’envoie pas de nervis. Ils ont fait des rapprochements parce qu’ils croyaient que j’avais reçu un des syndicats, alors que je reçois tous les jours les syndicalistes.
Je ne peux pas interdire à Saliou Fédior l’accès dans ses bureaux. Parce qu’il doit préparer la passation de services avec son successeur Abdoul Aziz Diallo, le directeur du marketing et de la communication. 
Mamadou SECK

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Publié par

Namory BARRY

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