Coupe nationale de football : le succès retentissant de l’US Ouakam en 1964
samedi 15 juin 2024 • 1076 lectures • 0 commentaires
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Le 14 juin 1964, l'événement est la finale de la 4e édition de la Coupe nationale de football et le succès de l'USO (Union sportive de Ouakam), aux dépens du COT (Club olympique thiessois). C'est la deuxième année consécutive qu'un club de Division régionale accède à cette ultime étape. Après l'Olympique de Ngor, finaliste malheureux en 1963 sans avoir démérité contre un club de l'élite, l'US Rail (2-3). Cette fois, le petit déracine le grand. Après deux éditions, l'USO triomphe du COT (1-1 et 2-1).
L'USO de 1964 a une fabuleuse histoire. L'équipe revient presque d'un bannissement, interdite de jouer pendant une saison (1962-1963), suspendue après des incidents. Le club se prépare entre quatre murs à Ouakam. Il se scinde pratiquement en deux entités, Inter et Zig Zag. À l'Inter, se trouvent les plus jeunes joueurs et à Zig Zag, les aînés. Si le nom Inter provient, selon certains, de l'Inter de Milan qui dominait le football de club européen (victoire dans l’ancienne Ligue des champions en 1964 et 1965) avec son entraîneur fétiche, Helenio Herrera, pour Zig Zag, l'origine du nom reste à établir.
Les deux groupes vont jouer entre eux, c'était un éblouissant spectacle et une sacrée rivalité en d’interminables parties sur son terrain, situé à un jet de pierre du 1er Groupement aérien sénégalais. Mais, pour l'essentiel, les deux groupes étaient bien rodés pour le retour en compétition et l'US Ouakam allait en profiter pour monter une équipe avec de brillantes individualités. Le plus célèbre des joueurs est l'international Oumar Gueye Samb, un véritable chasseur de buts, véloce et acrobatique.
Une équipe talentueuse
Mais tous les joueurs ouakamois avaient un tel talent que l'équipe était bien pourvue à tous les postes. Dans les buts, Abdoulaye Cissé dit Laye Sour. En défense et au milieu, Ibra Ndiaye (père de Amadou Gueye Ndiaye et de Zamadou Ndiaye), Moussa Kanté, Madoro Dièye, Lassana Bathily (père de l'actuel président de l'USO, Alfred Bathily), Zamadou Ndoye et Mor Ndiaye Franky, qui faisait office également d'entraîneur, de retour un peu avant d'un séjour français où il avait fréquenté la célèbre équipe du Stade de Reims. Les joueurs à vocation offensive sont le benjamin Saliou Cissé Chita (moins de vingt ans à l'époque), Mamadou Guèye Souris, Ousseynou Guèye, Babacar Ndiaye Kary, Moussa Diakhaté et Ibrahima Dione dit Diony.
Ce dernier allait entrer définitivement dans l'histoire du football. Puisqu'il est l'auteur du but victorieux ouakamois (2-1) après le premier, égalisateur celui-là de Mor Ndiaye Franky. Le tir de Diony passé entre les jambes du gardien du COT est devenu depuis le Yalli (le prénom du portier).
La victoire de l'US Ouakam avait été le triomphe d'un football offensif, tout en panache et tourné vers le but qui aimantait ses attaquants. Cette saison-là (1963-1964), qui était celle du retour en compétition après un purgatoire d'une saison, l'attaque de l'USO s'en donna à cœur joie en inscrivant 89 buts.
Mais un peu de mystique et de fête renforce la légende de cette fabuleuse épopée du football ouakamois. Certains qui ont vécu ces moments en gardent encore un souvenir inoubliable.
Le couvre-feu... mystique
El Hadj Ndoye dit Ass (onze ans à l'époque) n'a pas oublié les détails qui l'ont marqué. Il témoigne : «Comment oublier l'invraisemblable "couvre-feu" décrété par, semble-t-il, les dépositaires des pouvoirs mystiques. Les gens croyaient qu'il ne fallait surtout pas les surprendre dans les sentiers sinueux et places publiques en train de dérouler leurs "secrets noirs" qui devaient donner la victoire à l'USO et sceller le sort du COT. La victoire acquise, je me souviens de cette immense foule qui jalonnait la route principale du village pour accueillir les héros du jour ! Les dames de tous les âges, vêtues aux couleurs de l'équipe (rouge et blanc), s'étaient particulièrement illustrées».
Le premier succès de l'US Ouakam en Coupe du Sénégal a été un évènement important car il a fait partie des sédiments de l'image et de l'identité du village lébou.
Mamadou KOUMÉ
Journaliste, enseignant-chercheur
Publié par
Hubert Mbengue
admin
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