Lamine Diack (1933-2021) : Le Sprint final

samedi 4 décembre 2021 • 1246 lectures • 1 commentaires

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Lamine Diack (1933-2021) : Le Sprint final

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Décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 88 ans à Dakar, Lamine Diack a été inhumé hier vendredi au cimetière de Yoff. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule immense. 

L’émotion était à son comble, la tristesse immense. Un monde fou a envahi le cimetière de Yoff pour l’inhumation de Lamine Diack, hier après la prière de Vendredi (14H). A la suite de l’annonce de son décès, proches et membres de la famille ont pris d’assaut les lieux. Plongée dans l’émoi, attendant la dépouille dont le cortège a accusé plus de deux heures de retard, une foule impressionnante a accompagné l’ancien athlète à sa dernière piste pour un saut éternel. C’est aux alentours de 16H30mn, sous un climat salubre, que l’ancien ministre des Sports a été enterré. L’ambiance était insoutenable pour les émotifs, mais on percevait un brin de lueur sur certains visages, sans doute dû à la satisfaction de savoir que le défunt a accompli sa mission de guider les Africains en général et Sénégalais en particulier vers les plus hauts sommets du Sport. Regroupés en petits groupes devant le cimetière de Yoff, ses anciens compagnons se rappelaient les œuvres de l’ancien joueur et entraîneur du Jaraaf de Dakar. 
«Lamine Diack a tiré sa révérence. Un monument du Sport sénégalais s’en est allé. C’est une immense perte pour le monde sportif, particulièrement pour le Jaraaf de Dakar», regrette l’ancien président du club, Fallou Diop. Dans la même veine, Saër Seck estime que l’ancien président de l’IAAF représentait au mieux le Sénégal. «Il nous outillés pour faire face au monde sportif. Il a hissé le football sénégalais au plus haut niveau et on ne le remerciera jamais assez pour cela, assure le président de Diambars. C'était un homme multidimensionnel, un sportif accompli, un intellectuel et homme d'État de très grande valeur. C'est la dimension que la personne de Lamine Diack a atteinte qui me fait dire qu'on a perdu un homme d'une grande valeur.» Le président de la Fédération sénégalaise de football et maire de Gorée abonde dans le même sens : «Lamine Diack nous a beaucoup inspirés. C’est lui qui a réformé le football sénégalais dans son ensemble. C’était un visionnaire. Le fait qu’il ait dirigé une instance internationale pendant des années, en tant qu’Africain, nous a permis de savoir que rien n’est impossible. C’est grâce à Lamine Diack que la normalisation des textes qui régissent notre football a pu se faire. Le Sénégal lui doit beaucoup», témoigne Augustin Senghor.   

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«L’Afrique a perdu un digne fils»
Ancien patron de la Fédération internationale d'athlétisme (1999-2015), Lamine Diack était un fin défenseur du Sénégal et de l’Afrique. Et pour l’ancien président de la Fédération sénégalaise de basket-ball, cette posture n’est pas étrangère à ses démêlés avec la Justice. «L’Afrique a perdu un digne fils. Son parcours a été exceptionnel. C’est pourquoi, il a eu de nombreux détracteurs sur le plan international et ce qui s’est passé avec l’athlétisme en témoigne beaucoup», estime Baba Tandian. 
Au-delà des sportifs, les politiques étaient aussi au rendez-vous. Très ému, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, assure que Lamine Diack est le précurseur des combats qu’il mène actuellement. «C'est un modèle pour ceux qui font de la politique et pour ceux qui dirigent le pays. C’est à cause de son patriotisme et de son africanisme que les Blancs l’ont combattu», regrette le Socialiste, estimant que l’ancien patron de l’IAAF a été «pris en otage». «Il faut se demander pourquoi Lamine Diack a été le seul dirigeant arrêté, alors que les autres vaquaient à leurs occupations. Il a su les remettre à leurs places et s’opposer à eux. Il a vécu cette histoire avec dignité, il a refusé de transiger et de céder. Et c'est cette résistance qui nous inspire.» 

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MAMADOU KOUME : «Il avait l’intention de discuter un peu avec la presse»


Journaliste et chef de presse de la Confédération africaine d’Athlétisme dans les années 80, Mamadou Koumé a travaillé étroitement avec Lamine Diack pendant des années pour connaître l’homme. «Je retiens de lui, pour résumer, trois qualités : c’était un homme de vérité, quand il avait quelque chose à dire, il le disait quel que soit l’interlocuteur. La deuxième chose, c’est que c’est quelqu’un qui est extrêmement généreux et qui avait le sens du partage. Sa troisième qualité, c’est qu’il était attentif aux soucis et préoccupations des autres», dit Mamadou Koumé. Le journaliste enseignant-chercheur retient également de Lamine Diack ses combats à l’IAAF pour permettre aux pays africains d’avoir leur mot à dire. «Quand il est arrivé à l’IAAF, il y avait un système assez bizarre où les grands pays avaient plus de voix que les petits pays. Il s’est battu pour que chaque pays ait une voix, surtout pour que les Africains puissent se prononcer comme les autres pays. Lamine Diack a été ministre des Sports à 36 ans, président de la Fédération sénégalaise d’Athlétisme, président du Comité olympique sénégalais. Il a occupé toutes les fonctions. Aujourd’hui, quand on parle du football, on parle de la Réforme Lamine Diack. Un groupe de travail d’hommes autour de lui avait concocté un plan de redressement des clubs sénégalais. Il voulait des clubs très forts. Si cette réforme n’a pas eu les résultats escomptés, c’est qu’il fallait, au fil des ans, corriger, rectifier. Je suis convaincu que cette réforme devait être améliorée, mais on ne l’a pas fait.»
Mamadou Koumé qui est allé voir Lamine Diack, à 5 reprises, pendant que ce dernier a été retenu en France par le contrôle judiciaire, raconte à L’Observateur les dernières volontés de Diack. «Pour ses derniers vœux, j’avoue que je n’ai réellement parlé de ça avec lui, mais c’est quelqu’un qui était attentif à l’évolution du Sport sénégalais. Quelqu’un m’a dit qu’il voulait qu’on mette davantage l’accent sur le Sport à l’école, parce que leur génération, ils avaient fait beaucoup de sport à l’école», raconte Koumé qui n’a jamais coupé le contact avec Lamine Diack. «Je lui envoyais chaque jour les titres de la presse. Récemment, il m’avait dit qu’il avait l’intention de discuter un peu avec la presse.» Hélas !  
Auteur du livre «La Saga de l’Equipe nationale de football», Mamadou Koumé organise la cérémonie de dédicace de son livre ce samedi matin (10H) au Musée de la civilisation. La première partie de la cérémonie sera consacrée à un hommage à Lamine Diack. 


ALAIN CLAUDE MONTEIRO : «Un grand homme ne meurt pas»


La polyvalence incarnée, excellant à la fois en athlétisme, basket-ball, football, tennis de table, volley-ball, Lamine Diack fait son entrée au CIO en 1999, élu en tant que président de la Fédération internationale d’athlétisme. Il a été membre des commissions suivantes : Etude des Jeux Olympiques, Relations internationales. Inspecteur des Impôts et domaines de formation, il a occupé successivement les fonctions administratives suivantes : Commissaire général du Sport (1969-1970) ; Secrétaire d’État à la Jeunesse et au Sport (1970-1973) ; Secrétaire d’État à la Promotion humaine (1973-1974) ; Conservateur de la propriété foncière du Sénégal (1974-1978) ; Maire de Dakar (1978-1980) ; député à l’Assemblée nationale du Sénégal (1978-1993) ; premier Vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal (1988-1993) ; Président du Conseil d’administration de la Société nationale des eaux du Sénégal (1995-2001). International de football, d’athlétisme et de volley-ball (1954-1960) ; champion et recordman d’Afrique occidentale française de saut en longueur (1957-1960) ; champion de France de saut en longueur en 1958 (7,63m) et champion universitaire de France en 1959 (7,72 m). Membre du comité exécutif du Conseil supérieur du Sport en Afrique (CSSA) (1973-1987) ; Président de la Confédération africaine d’athlétisme (1973-2003) ; Président du Comité national olympique sénégalais (1985-2002) ; Président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) de 1999 à 2015. (…) Un grand homme ne meurt pas tout entier. Il nous reste de l’illustre disparu, l’exemple de ses vertus, le souvenir de ses grandes qualités et des éminents services qu’il a rendus à la communauté sénégalaise, africaine et mondiale. L’histoire prend son burin pour graver son nom au panthéon de la  gloire.»


L’action judicaire s’éteint à son encontre


L’ancien parton de l’Athlétisme mondial, Lamine Diack, a été mis en examen en 2015, pour corruption présumée autour du dopage en Russie. Il avait été condamné, dans le courant du mois de septembre 2020, à 4 ans de prison, dont 2 ans ferme. Insatisfait de la décision rendue, il avait interjeté Appel et la date du procès devant cette juridiction de jugement n’avait pas encore été fixée. En outre, M. Diack devait être jugé dans l’affaire des attributions des Jeux Olympiques (2016 et 2020), ainsi que dans les processus d'attribution des Mondiaux d'athlétisme de 2015 (Pékin), 2017 (Londres) et 2019 (Qatar). 
Seulement, Lamine Diack était rentré au Sénégal dans le courant du mois de mai dernier, après la levée de l'interdiction de quitter la France sous le régime d’un contrôle judiciaire. Après 7 mois passé sur sa terre natal, Lamine Diack est rappelé à Dieu dans la nuit du jeudi à vendredi dernier. Selon Me Assane Dioma Ndiaye, avocat à la Cour inscrit au Barreau de Dakar, «son décès entraîne l’extinction de l’action publique enclenchées en France à son encontre. Quand une personne décède en cours de procès, l’action est éteinte. Parce qu’il n’a plus de personnalité juridique. Ce qui est réconfortant pour lui et pour le Sénégal, c’est que sa condamnation n’est pas définitive jusqu'à son décès. Car ses avocats avaient interjeté Appel. Il bénéficie de la présomption d’innocence. Donc, on peut dire qu’il est décédé blanc comme neige. Aucune condamnation ne peut lui être opposable. Je pense que cela peut être réconfortant pour le Sénégal et pour l’Afrique. Nous s’avons que l’afro-pessimisme a atteint un niveau jamais égalé dans le monde. Aujourd’hui, je pense que pour la famille Diack, l’honneur de Lamine Diack est sauf. En ce qui le concerne, son nom devra être purgé du dossier», explique Me Ndiaye. Lamine Diack n’est pas le seul poursuivi dans ce dossier. Son fils, Pape Massata, était aussi dans la cause. D’après Me Ndiaye, la procédure va continuer en ce qui concerne Diack-fils. 


Lamine Diack, dernier tour de piste d’un monument de l’athlétisme


Revenu au Sénégal en mai dernier après sa condamnation dans l’affaire de corruption et de blanchiment d’argent liés au scandale de dopage en Russie, Lamine Diack est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Dakar, à l’âge  de 88 ans. 


Une vie au service du Sport et de l’Athlétisme. L’ancien président de l’IAAF, Lamine Diack, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à son domicile, à Dakar. Âgé de 88 ans, il a marqué de son empreinte l’histoire du Sport sénégalais dont il restera l’une des figures emblématiques, avec notamment sa réforme de 1969 qui porte son nom et dont l’objectif était de donner aux clubs plus de consistance, de moyens et de notoriété. Au-delà du Sénégal, il s’est surtout illustré à la face du monde par son passage de plus d’une décennie à la tête de la Fédération internationale d’athlétisme (1999 – 2015). Sa disparition marque la fin d’un chapitre du Sport sénégalais dans sa globalité et l’effondrement d’un pan de l’athlétisme et du football du pays, en particulier. Elle a été rapidement suivie d’une pluie d’hommages, notamment celui du président de la République. «Avec le décès de Lamine Diack, le Sénégal perd un de ses plus illustres fils. Sportif de renommée, ancien maire de Dakar, ancien député, ancien ministre et ancien président de l’IAAF, Diack était un homme d’une grande dimension», écrit Macky Sall sur son compte Twitter, présentant ses «condoléances émues à toute la nation».


Une pluie d’hommages


Le ministre des Sports, Matar Bâ, retient de lui «une vie plurielle avec, comme trame et toile de fond, le Sport». «Il croyait en la capacité du Sport à transformer le monde, à rétablir les équilibres rompus, à lutter contre les injustices, (…) à donner l’opportunité aux plus démunis de pouvoir s’exprimer et de faire entendre leurs voix par leurs records et leurs performances. Il a vécu sa passion et sa foi jusqu’au bout. Jusqu’à la fin. Sans jamais rechigner à l’effort. Sans jamais se départir de son courage.» Le ministre-conseiller et artiste, Youssou Ndour, parle d’une «triste nouvelle» et salue la mémoire d’une «grande personnalité multidimensionnelle» et d’un «Patriarche». Les dernières années de sa vie ont été marquées par son procès très médiatique dans l’affaire de «corruption et de blanchiment d’argent liés au scandale de dopage en Russie». Condamné «à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et assigné à résidence» depuis novembre 2015 en France, il était revenu au Sénégal en mai dernier après six ans loin de sa famille. Le Jaraaf de Dakar, club dont il a été pendant longtemps le président, avait payé sa caution de 327 millions de FCfa (500 000 Euros). Avec sa disparition, le Sénégal perd un dirigeant charismatique et visionnaire.


Abdoulaye Makhtar Diop : «Les actes forts du président Lamine Diack que les Sénégalais ignorent»


Lamine Diack et Abdoulaye Makhtar Diop ont vécu de grands moments dans la vie sportive, dans la vie, tout court. L’actuel Grand Serigne de Dakar, ancien directeur de cabinet de Lamine Diack à la mairie de Dakar et au Comité national olympique sportif sénégalais, raconte les actes forts posés par son mentor que les Sénégalais ignorent peut-être.  


La référence :«Chaque étape de sa vie est marquée par un véritable engagement et une détermination à réussir les missions qui lui ont toujours été confiées. Avant même notre collaboration au niveau des institutions, Lamine Diack faisait partie de nos aînés de Dakar Plateau et particulièrement de Rebeuss, son quartier natal. Il faisait partie, avec les Pape Thiam Galo, Habib Thiam, des étudiants, des universitaires qui nous servaient de référence aussi bien pour la vie que pour la pratique du sport. A l’époque, Lamine Diack était le milieu de terrain du Foyer France-Sénégal (football)».


La mairie de Dakar : «Quand il est devenu maire de Dakar, ce qu’il a fait et qui reste toujours dans les annales et que les Sénégalais ignorent, c’est que c’est lui, en tant que maire en décembre 1978, qui avait autorisé et permis le premier rallye Paris-Dakar, devenu aujourd’hui le «Dakar». C’est lui qui l’avait créé avec Jacques Chirac, alors maire de Paris. Le Président Léopold Sédar Senghor était très réticent à cette époque-là, pour beaucoup de facteurs, dont la traversée du Sahara. Il a également beaucoup contribué, en tant que maire, à faire modifier le statut de la ville de Dakar pour en faire une commune de droit commun, parce que Dakar avait un statut spécial.»


Professionnalisation de l’athlétisme : «Au niveau du comité olympique, en 1980 avec l’invasion de l’Afghanistan par la Russie, les États-Unis avaient demandé le boycott des Jeux Olympiques de Moscou. C’est l’époque de la guerre froide. Le Sénégal faisant partie du bloc occidental, le Président Senghor avait demandé de boycotter les Jeux, mais Lamine Diack avait pu le convaincre et finalement le Sénégal entraîne d’autres pays. Il faut savoir aussi que l’Afrique du Sud avait été exclue, à cause de l’apartheid, du mouvement sportif mondial. En 1992, Lamine Diack a ramené l’Afrique du Sud dans le mouvement international, en faisant admettre au comité, le comité non racial de l’Afrique du Sud. 
L’athlétisme était jusqu’en 1986-1987 un sport amateur. C’est Lamine Diack qui a professionnalisé l’athlétisme au niveau mondial. C’est lui qui a organisé les premiers championnats du monde d’athlétisme parce qu’à l’époque, les seules manifestations internationales de l’athlétisme étaient les Jeux Olympiques. Lamine Diack est devenu président de l’IAAF, en remplacement de Primo Nebiolo, il a organisé les championnats du monde d’athlétisme. Pour que les Sénégalais le sachent, c’est Lamine Diack qui a organisé la Diamond League (la ligue de diamant) qui se tient de manière circulaire à travers le monde. Il a été à l’origine de la première rencontre d’athlétisme entre les États-Unis et l’Afrique, ça s’était passé au stade Iba Mar Diop.»


La politique : «C’était un homme qui avait un courage politique qu’il a su démontrer au président Senghor, quand il a voulu le relever en 1979 de la ville de Dakar. Après un congrès du Parti Socialiste, il a été convoqué par le Premier Ministre Abdou Diouf, on lui avait demandé de démissionner de son poste, il a refusé, disant qu’il est élu par les Dakarois. Sur le plan social, dans tout le Sénégal, Lamine Diack fait partie des premiers hommes politiques à avoir tisser des relations très solides avec les cités religieuse, Tivaouane, Touba, Ndiassane…, où il se rendait ou envoyait des gens en permanence.»


La réforme de 1979 : «On présente la réforme Lamine Diack comme l’élément phare de son ministère. En fait, des événements ont précédé son entrée dans le gouvernement parce qu’il ne faisait pas de la politique. Dans les années 1964-1965, le Président Senghor a traversé une crise politique extrêmement grave à Dakar et n’allait plus au stade. Il a fait appel à Lamine Diack pour en faire le commissaire au sport et chargé de l’alphabétisation. C’était pour calmer la jeunesse. C’est comme ça que Lamine Diack a profité de cette situation. C’était un dirigeant du sport qui a toujours pensé que les clubs devaient avoir une base affective. Il a amené ce qu’on appelle la réforme de 1969 avec feu Serigne Lamine Diop et feu Abdoulaye Mathurin Diop. 
La réforme avait la particularité de regrouper certaines équipes de Dakar, mais l’autre particularité était de leur donner des noms authentiquement sénégalais. C’est ainsi qu’on a créé le Jaraaf de Dakar, le Saltigué à Rufisque, le Dial Diop de Dakar… Il y avait également un substrat de nationalisme et de particularisme culturel qu’il a porté dans la réforme.»


Une fin de carrière chahutée
Cette référence portée au pinacle par un peuple qui n’a cessé de l’ériger en parangon de vertu. Lamine Diack, c’était aussi la prouesse d’un Sénégalais échappé du populeux quartier de Rebeuss pour s’asseoir sur le toit de l’Athlétisme mondial, de décembre 1999 à août 2015. Une éternité à la tête de l’Iaaf, la Fédération internationale d’athlétisme. Cet homme qui a marché sur tous les tapis rouges du monde, reçu tous les honneurs dus à son rang, a vu la fin de sa carrière et sa réputation ternies par l'accumulation des accusations. Mis en examen en 2015, pour corruption présumée autour du dopage en Russie, le premier président non européen de l’Iaaf avait été condamné, en septembre 2020, à quatre ans de prison, dont deux ans ferme. Lamine Diack qui avait fait appel et la date d'un nouveau procès devait encore être fixée, est rentré au pays en mai dernier, après la levée de l'interdiction de quitter la France dans le cadre de son contrôle judiciaire.  
Cela n’écorchera point l’image que le Sénégal retient de celui qui a été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre national du Lion en 2015. Sous ses dehors d’homme raffiné et sa silhouette d’éternel prince du Sport, sous ses sourcils clairsemés, sa moue sérieuse, ses paupières fières de conserver sa part d’authenticité, Lamine Diack qui ne se départit jamais de ses lunettes correctrices sur un visage sobre, sacrifie à la fois au conformisme du présent et à la nostalgie mélancolique des temps anciens. Il faut jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour figer la trajectoire de l’ancien président de l’Iaaf. L’homme, élevé dans le dur, a très tôt fréquenté l’école coranique. Il traverse le quartier de sa timidité et ne fait rien qui choque les grandes personnes. A l’heure d’entrer à l’école, il court, enthousiaste, à l’école primaire Faidherbe où ses notes impressionnent autant que sa précocité. Il est reçu au Concours d’Entrée en 6e et entre avec fracas au Lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye), où son sérieux dans les études détonne. En sport, ses jambes de feu étonnent. En vrac, dans sa biographie disponible sur le Net, la vie du Président Diack est ainsi résumée : «Après avoir été un athlète pratiquant le saut en longueur, il occupe différentes fonctions au sein des organisations sportives. Il est tout d'abord, joueur de football évoluant au sein du club dakarois du Foyer France Sénégal (Ffs), fin années 1950 début années 1960, club qu'il entraîna ensuite, y introduisant le fameux système de la défense en ligne, puis Directeur technique national de l'Equipe du Sénégal de football de 1964 à 1968. Membre du Comité national olympique du Sénégal depuis 1974, il en devient président en 1985, poste qu'il occupe jusqu'en 2002. Durant cette période, il exerce également des responsabilités politiques, avec le poste de maire de Dakar, de 1978 à 1980. Il fait aussi partie du Parlement sénégalais, de 1978 à 1993. Il a également des responsabilités au sein de l'International Association of Athletics Federations (Iaaf), organisme qui gère le monde de l'athlétisme. Vice-président de Primo Nebiolo, il est élu président lors d'une séance extraordinaire en décembre 1999, à la suite de la mort de son prédécesseur. Il est réélu président de l'Iaaf, le 24 août 2011, pour un mandat de quatre ans, lors du 48e congrès de l'Iaaf, avec 173 voix pour et 27 contre. En novembre 2015, il est mis en examen pour corruption. La suite, on la connaît… Et ce Lamine, déjà laminé par la Justice française, n’est pas encore sorti de l’auberge espagnole.


SILEYE NGUETTE, DOUDOU DIOP, OUSMANE DIOP, IDRISSA SANE

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Publié par

Namory BARRY

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