Louis Camara, adieu l’artiste

samedi 23 novembre 2024 • 415 lectures • 0 commentaires

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Louis Camara, adieu l’artiste

J'ai vu Louis Camara donc pour la dernière fois, le 13 juin dernier au Grand Théâtre où il recevait une décoration dans l'Ordre national du Lion. Nous avons discuté un peu de football lors du cocktail qui avait suivi la cérémonie. Vendredi matin, un message brutal reçu sur mon téléphone annonçait son décès.

L'homme que j'ai connu après sa carrière de footballeur était toujours courtois et pudique. Il ne voulait pas trop se montrer. Lorsque l'ANPS l'avait honoré, ii y a quelques années, parmi les légendes du football, il ne s'était pas déplacé. Quelqu'un était venu récupérer le trophée qui lui avait été attribué. Mais l'an dernier, il avait accepté de préfacer la 2ème édition de mon livre consacré à l'équipe nationale de football (Sénégal, la saga de l'équipe nationale de football, éditions Harmattan Sénégal).


Il avait eu un compliment qui m'avait touché en estimant que la première édition était pour lui l'un des «faits marquants de notre football». Il avait estimé que le fait de consacrer un livre aux joueurs qui avaient marqué l’équipe était utile pour les jeunes générations. Compliments que j'avais pris comme un encouragement à persévérer, d'où la deuxième édition enrichie d'éléments nouveaux.
Ce qui était admirable chez lui mais je ne lui ai jamais posé la question, c'est la qualité de son écriture. Il avait un style très synthétique et allait à l'essentiel dans ses papiers.


Louis Camara était un nom magique pour les gens de ma génération. Il nous a fait aimer le football du fait de son immense talent. Dans son premier club, les Espoirs de Dakar, dans une constellation d'artistes du ballon rond comme les Matar Niang, Pape Diémé, Doudou Diongue et Cie, il faisait partie des joueurs qui faisaient déplacer les spectateurs au stade Demba Diop.


La virtuosité technique, l’habileté gestuelle et la vista au milieu du terrain. Ce sont les impressions que gardent toujours ceux qui ont vu évoluer cet élégant footballeur. Un milieu offensif comme on n’en rencontre pas à toutes les époques, doublé d’un buteur (6 buts en 19 matches officiels en équipe nationale). Quelqu’un a écrit que sur un terrain, «il ne joue pas, il danse, il exécute un ballet.»
En équipe nationale, Louis Gomis fait partie de la deuxième génération des internationaux, qui avaient pris le relais des héros des Jeux de l'Amitié en 1963 , les Domingo Mendy, El Hadj Malick Sy «Souris», Cheikh Thioune , Youssou Ndiaye…


Louis Camara a fait ses débuts en équipe nationale, le 18 avril 1965 à Bamako contre le Mali, en éliminatoires de la CAN. Donnée perdante avant même d’avoir joué, la sélection «rajeunie brutalement -comme l’écrit à la veille de son départ pour la capitale malienne, le quotidien Dakar Matin- va remporter «une victoire aussi brillante qu’inattendue» par 2 buts à 0. Camara va s’installer durablement au milieu de terrain de l’équipe nationale formant une paire exceptionnelle avec son homonyme Louis Gomis. Il sera un titulaire indiscutable à son poste.  


Gomis venait du Foyer et lui des Espoirs de Dakar. Ce tandem vanté par sa complémentarité ne concernera que l’équipe nationale car Gomis ne portera pas les couleurs du Jaraaf. Il allait tenter l’aventure du professionnalisme en France avant que l’occasion de les réunir dans le même club (Jaraaf) ne se présente.


Pour l’histoire, en 1965, il est le premier buteur sénégalais en phase finale d’une CAN contre l’Ethiopie (5-1).  Il inscrit deux buts lors de l’édition de Tunisie et est le co-meilleur buteur sénégalais avec Matar Niang.


Camara qui aurait pu jouer au basket sous la direction de la légende Lune Diop, a choisi finalement le foot. Non sans l’influence de sa famille. Son père enseignant et directeur de l’école de Médine fait partie de ceux qui ont fondé le Foyer France Sénégal. S’il se réclame de ce dernier club, il n’y a pas pourtant joué. Un oncle maternel le poussera plutôt à porter les couleurs des Espoirs de Dakar. La fusion des deux clubs en 1969 avec la Réforme Lamine Diack réglera son blues quelques années plus tard.


Après sa deuxième CAN en 1968, il émigre en France, dans le club de Nîmes où il évolue lors de la saison 1968-1969. En vacances à Dakar, il décide, suite à diverses sollicitations dont celle de sa famille de rester au pays et de jouer dès sa première saison de sa création avec le Jaraaf.
Le 18 avril 1971, contre le Nigeria a Dakar, en éliminatoires des JO, Louis Camara inscrit l’un des deux buts de la victoire du Sénégal (2-1). C'est son dernier match en équipe nationale.


Mamadou KOUMÉ

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Publié par

Hubert Mbengue

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