Makhtar Ndiaye, Directeur recrutement international Dallas Mavericks : «Je ne me sens pas encore comblé…»

Vous venez de rejoindre Dallas comme Directeur du recrutement international et du personnel. Pouvez-vous revenir sur ce «transfert» ?
D’abord, je tiens à remercier les Knicks avec qui j’ai beaucoup appris pendant 9 ans.  Ce qui n’est pas anodin. Je porterai toujours cette franchise dans mon cœur. Mais à un moment, il fallait essayer autre chose et l’opportunité de Dallas s’est présentée. Je n’ai pas réfléchi longtemps pour la saisir. J’étais en fin de contrat avec New York et Dallas s’est manifesté avec beaucoup d’enthousiasme. 
Quel bilan faites-vous de vos 9 ans passés chez les Knicks de New York ?
Comme je le disais à certains, 9 ans ce n’est pas 9 jours. J’ai beaucoup appris avec Phil Jackson, Steve Mills (ancien président), Scott Perry (manager général) et finalement Leon Rose (président). Chacune de ces personnes m’a beaucoup apporté. Quand je suis arrivé aux Knicks, nous ne gagnions pas beaucoup et l’équipe n’était pas une destination prisée des free agents. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire (ndlr : les Knicks étaient demi-finalistes de la Conférence Est en 2023-2024). La franchise attire les grands joueurs comme Jalen Brunson).  Je pars avec le sentiment du devoir accompli pour l’une des franchises les plus médiatisées du monde et dans l'une des villes les plus passionnées.
Dallas a déjà accueilli des Sénégalais comme Amadou Gallo Fall ou Ngagne Desagana Diop. C’est un challenge excitant pour vous de maintenir haut le flambeau… 
On ne peut pas parler des Dallas Mavericks au Sénégal sans mentionner le nom d’Amadou Gallo Fall. Son impact et sa générosité en font une figure incontournable dans le scouting et le management. Desagana Diop a également joué un rôle important. J’aurais souhaité le voir avec une bague de Champion NBA tant il était bon à l’époque. (ndlr : Ngagne Desagana Diop avait disputé la finale NBA 2006 avec les Mavs, remportée par Miami 4-2).  N'oublions pas Bouna Ndiaye, agent de joueurs à Dallas, qui réalise des choses extraordinaires. Il y a un lien affectif fort entre les Sénégalais du basket et cette ville. Étant résidant ici depuis quelques années, j'espère poursuivre le travail de mes prédécesseurs et représenter le Sénégal au mieux.
Joueur et aujourd’hui responsable à la NBA, peut-on dire que vous êtes un homme comblé au regard de votre parcours ? 
Mon boulot est excitant et j’ai de la chance de travailler dans ce sport qui m’apporte constamment des expériences incroyables. Je ne me sens pas encore comblé, car je cherche toujours à m'améliorer et à faire une différence, même petite. On verra à la fin de la journée ce que ça donnera et j’espère vraiment être satisfait à ce moment-là. 
Le Sénégal est bien représenté dans la Ligue. Que faut-il pour tirer le maximum de ces ressources humaines pour l’essor du basket national ?
Il est essentiel de mieux communiquer. Avoir toutes les têtes et ne pas en profiter serait dommage. Certains attendent qu’on les appelle, d’autres ne sont peut-être pas intéressés, mais au final, quand le Sénégal gagne, tout le monde s’y retrouve, et la même chose se produit quand on perd. Au moins, essayons de nous impliquer pour faire avancer les choses. J’entends beaucoup de critiques sur ce qui ne marche pas, mais ne me dites pas qu’il n’y a rien de positif non plus.
Ancien manager des Lions et conseiller du président de la FSBB, comment voyez-vous la sélection masculine ? 
Je pense que nous sommes sur la bonne voie. La reconstruction se fait intelligemment en emmenant du sang neuf dans la Tanière sans vraiment se débarrasser des anciens. Eux aussi sont là et ont leur carte à jouer et c’est excitant. Je profite de cette interview pour lancer un message qui m’est cher. Je pense que l’État doit continuer de jouer sa partition. Le stadium Marius Ndiaye doit être reconstruit sans délai. C’est le temple du basket sénégalais. La salle Dakar Arena doit être mise à la disposition de la Fédération. Les écoles de basket doivent être subventionnées, la petite catégorie doit reprendre ses droits. Je suis peut-être un peu hors sujet mais le basket ne se limite pas seulement à la sélection masculine. Nous devons en tant que peuple soutenir tous les sports. 
Avons-nous les moyens de rivaliser avec le Soudan du Sud, la Côte d'Ivoire et la Tunisie au prochain Afrobasket ?
La coupe d’Afrique est différente aujourd’hui, le Sud Soudan est certes une des grosses équipes africaines de ces deux dernières années comme la Côte d’Ivoire et le Cap Vert mais n’oublions pas que nous étions sur le podium lors de la dernière CAN. Nous avons un très bon staff avec un DTN qui a tout à prouver, un jeune coach ambitieux et surtout joueur, des assistants qui font le travail, un général manager et le support d’un public qui a faim de victoire. Nous avons de bons joueurs et je remercie la Fédé qui a suivi le coach (Desagana Diop) dans sa vision de ratisser large. Ce qui nous a valu un bon stage cet été où certains se sont affirmés. Alors oui, nous sommes les chasseurs et cet habit d’outsiders me va très bien.
Votre rêve donc est de gagner ? 
Oui, gagner et célébrer à Dakar comme la bande à Aliou Cissé. J’aimerais vraiment que Papi Brancou, Ibou Fall Faye et les autres goûtent aux délices d’une victoire continentale. Sur le plan personnel, je souhaite que notre franchise gagne un autre titre NBA. Enfin, j’aimerais aussi voir plus de Sénégalais dans la meilleure ligue du monde.
Mor Bassine NIANG