Special Olympics - Mme Rajah Sy : «Nous sommes constamment à la recherche de sponsors pour mener à bien nos activités»

Où en est l’agenda 2023-2024 de SOS. Qu’est-ce qui a été fait et que reste-t-il à faire ?
2023 a été une année très chargée pour Special Olympics Sénégal avec notre participation aux Jeux mondiaux de Berlin en juin et l’organisation du Symposium international sur la déficience intellectuelle en décembre. L’année 2024 est une année plutôt axée sur les formations des acteurs de Special Olympics Sénégal, sur le projet Play Unified Learn Unified, qui est mené en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale dont l’objectif est de créer des communautés inclusives au sein des écoles. Grâce à ce projet, nos athlètes ont accès aux écoles et font du sport avec les élèves, dans des équipes unifiées, c’est-à-dire composées de jeunes avec et sans déficience intellectuelle.

SOS a-t-il en vue d’autres activités au cours de l’année 2024 ?
Nous allons également poursuivre notre programme médical. Bien entendu, le sport étant notre cœur de métier, nous avons prévu plusieurs compétitions dont le Championnat national de football unifié, des Championnats régionaux en athlétisme et des compétitions tout au long de l’année. À ce jour, nous avons entamé les sessions de formation, les activités sportives, le programme de santé, ainsi que les projets axés sur la jeunesse tels que le projet Santé Nutrition Fitness, le projet Play Unified Learn Unified et le projet Inclusion scolaire par le sport. Nous avons également célébré la Journée internationale des droits des femmes avec des activités de plaidoyer sur les compétences des jeunes filles et femmes athlètes de Special Olympics Sénégal. Le week-end passé, nous étions en formation sur deux thématiques à savoir le programme de leadership des athlètes, la formation sur la sauvegarde et la protection de l’enfant et les responsables de sous-programmes et de sites seront réunis pour la session annuelle de la Cellule d’appui pédagogique au cours de laquelle nous ferons le bilan de l’année 2023 et présenterons les perspectives de 2024. Nous espérons lancer le Championnat national de football unifié courant mai 2024. En juin, nous aurons la finale du projet Play Unified Learn Unified. Le cycle des consultations médicales démarrera également en mai. En août-septembre, nous devrions lancer la 2ème édition du Camp inclusif nutritionnel et sportif.

Où résident à ce jour les forces et faiblesses de Special Olympics Sénégal ?
La force de Special Olympics Sénégal réside dans l’engagement et le dévouement des volontaires, des coaches qui se dépensent sans compter pour mettre un sourire sur le visage de nos athlètes. Nous bénéficions également de la confiance des familles qui nous confient leurs enfants. Nous appliquons la devise de nos athlètes : «Que je gagne. Mais s’il m’est impossible de gagner, que je fasse preuve de courage dans mes efforts !». Cela pour dire que nous sommes toujours prêts à surmonter les difficultés qui se présentent et à aller de l’avant. Cela est l’une de nos forces. Les faiblesses concernent essentiellement le financement de nos activités et de nos projets. Nous sommes constamment à la recherche de sponsors pour mener à bien nos activités.

Quelles sont les perspectives pour votre structure ?
Nous avons travaillé en 2022 sur un Plan d’orientation stratégique 2023-2025 que nous déroulons donc depuis l’année dernière. Ce Plan d’orientation stratégique vise à assurer une montée en puissance de Special Olympics au service de sa cible, les personnes ayant une déficience intellectuelle. Nous allons continuer la mise en œuvre de ce Plan d’orientation stratégique qui est articulé sur 5 axes, à savoir  le renforcement des capacités de tous les acteurs de Special Olympics Sénégal, le maillage du territoire national par l’ouverture de nouveaux sous-programmes, le sport comme moyen d’inclusion et de renforcement des capacités et de la performance à long terme, la culture comme moyen d’expression et d’ouverture pour les athlètes de Special Olympics Sénégal et la communication comme levier de renforcement et valorisation des actions et de l’impact de Special Olympics et le plaidoyer. Au cours de l’année 2024, nous allons mettre l’accent sur des activités permettant de mettre en œuvre ces différentes orientations.

Le maillage du territoire national n’est pas encore total. Que faut-il pour y arriver ?
Aujourd’hui, Special Olympics Sénégal est présent dans 9 villes à savoir Dakar, Bignona, Kaolack, Kolda, Mbour, Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor et Richard-Toll. Le Sous-programme de Richard-Toll a été ouvert au cours de ce mois de mars 2024. Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’orientation stratégique, nous avons prévu pour l’année 2024, de nous installer à Matam, et de renforcer notre présence à Dakar en ouvrant de nouveaux sites. L’ouverture de nouveaux sous-programmes est conditionnée par plusieurs préalables : nous devons tout d’abord identifier un référent dans la localité ciblée qui s’engage à accompagner l’ouverture du Sous-programme. Il faut bien entendu qu’il soit bénévole. Le maillage national du territoire est un objectif à long terme. Il s’agit d’un long processus qui nécessite plusieurs missions de prospection et de rencontre avec les autorités locales. Notre objectif est d’ouvrir deux Sous-programmes par année.

Depuis des années, vous menez le combat pour personnes à intelligence spéciale. Où en êtes-vous ?
Nous pouvons noter des avancées dans la perception du handicap intellectuel dans la communauté. Nous avons contribué à changer le regard sur le handicap intellectuel. Les personnes ayant un handicap intellectuel et leurs familles ont de nouvelles aspirations et de nouvelles ambitions. Nous avons aidé à mettre en lumière les aptitudes et compétences de notre cible. Nous avons beaucoup de Success Story, surtout avec nos bénéficiaires qui ont rejoint Special Olympics lorsqu’ils étaient tout petits. Aujourd’hui, devenus jeunes adultes, ils sont la vitrine de Special Olympics. Je peux citer Gérard Diédhiou, qui aujourd’hui est le capitaine de l’équipe nationale de basket-ball, Ablaye Ndiaye qui a porté la Flamme olympique lors des Jeux Mondiaux de Berlin, Aminata Ndiaye qui est membre de l’équipe Média de Special Olympics et tant d’autres jeunes qui ont brisé les barrières et démontré que le handicap intellectuel n’est pas un frein à l’autonomie et à l’épanouissement. Il reste cependant beaucoup à faire. Nous devons encore nous battre pour faire respecter les droits des personnes handicapées dont ceux ayant une déficience intellectuelle. C’est cela qui nous a motivés à organiser en décembre 2023, le Symposium international sur la déficience intellectuelle, au cours duquel les experts nationaux et internationaux ont échangé sur les problématiques telles que la santé, l’éducation, la formation et l’insertion professionnelle, la problématique des filles et des femmes ayant une déficience intellectuelle, la pratique sportive. Il est ressorti de ces échanges que certes, même si des mécanismes de prise en compte existent, ils demeurent insuffisants ou ne sont tout simplement pas mis en œuvre. Le combat est long mais nous sommes encore sur le front !

En termes d'appuis de partenariats et d’assistance, est-ce que tout se passe comme espéré ?
Nous offrons une large gamme d’activités à notre cible. Il faut noter que ces activités sont totalement gratuites. Il est hors de question, pour nous, de demander une contribution financière ; cela viendrait rajouter une nouvelle discrimination à une population déjà stigmatisée et isolée. Nous devons donc trouver les moyens financiers pour offrir à notre cible des programmes et des activités de qualité. Nous avons un portefeuille de partenaires et de sponsors qui nous accompagnent dans la mise en œuvre de notre plan d’actions. Nous les remercions vivement. Nous sommes cependant toujours à la recherche de financements pour nous permettre de mener à bien notre programme. A ce jour, nous n’avons pas encore les financements pour certaines activités dont notamment le Championnat national de football unifié, le Camp inclusif nutritionnel et sportif, les formations sur le leadership et deux consultations médicales. Cependant, nous gardons espoir de trouver les fonds nécessaires. Nous espérons que vos lecteurs seront sensibles à notre cause !

Réalisé par Souleymane SECK