Aliou Cissé à PSG Académie : «Mes conseils à ces adolescents qui rêvent d'être footballeurs professionnels»

Coach, quelles sont les raisons de votre présence aujourd'hui (hier dimanche) au complexe sportif la tanière Bruno Metsu de Nguerigne ?
Ce qui m'a motivé c'est la cause des enfants. Ils sont là, c'est d'abord des enfants avant d'être demain des joueurs de football. Et effectivement quand le Paris Saint-Germain et Yassir m'ont contacté pour accompagner cet événement à travers la présidente du club, je n'ai pas pu le leur refuser. Parce que, premièrement j'aime les enfants et puis, deuxièmement, c'est mon club, le Paris Saint-Germain. Voilà si les gens connaissent Aliou Cissé, c'est à travers le Paris Saint-Germain qui est un très grand club et qui a délégué pratiquement des personnes très importantes qui sont venues pour couvrir cet événement. Nous leur souhaitons à tous la bienvenue. Je pense qu'ils ont pu passer une bonne journée, et ont pu voir un tout petit peu les pedigrees, la qualité, le réservoir qui sont dans ce pays là. Je pense qu'aujourd'hui à travers PSG Académie, c'est le football sénégalais qui continue d'évoluer parce qu'on récupère des enfants qui viennent d'un peu partout du Sénégal pour leur donner une éducation adéquate, la possibilité de pouvoir s'entraîner dans de bonnes conditions, sur des infrastructures adéquates. Et puis, sur le plan intellectuel aussi, les ramener à l'école parce qu'ils sont conscients aussi que, parmi ces garçons là, tout le monde ne peut pas être footballeur professionnel. Mais tant pis, même s'ils ne seront pas footballeurs professionnels, demain, ils peuvent être experts comptables, avocats, etc. C'est de tout ça que le Sénégal a besoin. Tout le monde ne peut pas être Sadio Mané, tout le monde ne sera pas Idrissa Gana Gueye, mais ce qui est important c'est que, dans ce métier qu'est le football, d'autres métiers s'engouffrent et c'est large. Aujourd'hui PSG Académie m'a donné la possibilité de venir rencontrer ces garçons et c'est un grand plaisir d'être là.

En tant qu'ambassadeur de PSG Académie, quel est le message que vous avez lancé aux jeunes joueurs que vous avez trouvés ici ?
Que le football demande beaucoup de sacrifices. Le football n'aime pas être mélangé à autre chose, il est très jaloux. Soit vous lui donnez l'exclusivité de votre vie, l'exclusivité de votre temps et là, il vous le rendra. Soit vous voulez le mélanger avec autre chose et, à partir de là, ça ne fonctionnera pas. Je leur parle de jeunesse pourquoi parce qu'en réalité ils sont en âge de pré-puberté, puberté, etc. Donc ils arrivent à un certain moment où c'est l'âge de 13, 14, 15 ans, là où le gamin, l'adolescent, a besoin un tout petit peu de sortir. C'est là où on a envie de vivre les premières fréquentations et ces gamins ne connaîtront pas ça. Parce qu'ils sont fermés quelque part où ils préparent leur avenir et doivent être concentrés. Parce que le football demande plus de concentration, plus de récupération. Pendant ce temps-là, les jeunes de leur âge ont peut-être, plus de jeunesse. Ils sortent, ils vont en boîte, ils reviennent, ils s'amusent. Mais quand vous voulez être footballeur professionnel, cela demande des sacrifices et ces sacrifices, c'est quelque part sacrifier sa jeunesse.

Comment avez-vous vécu votre passage au Paris Saint-Germain. Des souvenirs, des anecdotes croustillants, vous en détenez sans doute ?
Un grand club, c'est un énorme club. Moi, j'ai  l'habitude de le dire en rigolant. J'ai pu, à travers ma carrière, fréquenter toutes sortes de clubs mais des clubs différents. J'ai connu des clubs où il fallait jouer le maintien, j'ai connu des clubs comme le Paris Saint-Germain où, dès le début de la saison, l'objectif était de gagner toutes les compétitions qui étaient en jeu. Et ça, c'est effectivement une pression, c'est une préparation qui est différente que de jouer le maintien. Le Paris Saint-Germain est aujourd'hui un club où tout ce qui se passe prend de une ampleur surdimensionnée. C'est en réalité l'ordre des grands clubs. Et jouer dans ces grands clubs, comme le Paris Saint-Germain m'a permis, sur le plan mental, sur le plan de la préparation des matches, sur le plan des évènements, d'être prêt mentalement. Parce qu'il y a une telle pression dans ce club là, qui fait qu'en un moment donné si vous n'êtes pas prêt mentalement, il est difficile d'exister. Quand vous arrivez au Paris Saint-Germain et que la semaine d'avant vous avez perdu à l'extérieur et qu'il faut sortir dans les couloirs du Parc des Princes pour aller jouer, je peux vous dire qu'il y a une pression terrible et énorme. Mais tout ça, moi, je l'ai connu très jeune. J'avais l'âge de 20, 21, 22, 23 ans. Toute cette pression là, malgré mon jeune âge, m'a permis en sélection d'apporter cette expérience ; elle m'a permis, partout où je suis allé, de ne pas être sous pression et de gérer ce stress que peut-être d'autres n'ont pas pu gérer, parce qu'ils ne le connaissent pas. Moi, je l'ai connu avec le Paris Saint-Germain.

Donc, on peut dire que vous avez beaucoup appris au Paris Saint-Germain ?       J'ai beaucoup appris dans ce club là. Énormément appris, ça a été des hauts, très hauts et des bas aussi, très bas, parce qu'on a connu aussi la lutte pour le maintien. Ça été parfois très compliqué. Même si c'est un club qui joue les premiers rôles, il est arrivé au Paris Saint-Germain aussi de jouer le maintien et je pense que, fort de toute cette expérience, c'est ce qui fait que le club continue à avancer, continue à aller de l'avant. Aujourd'hui, il est demi-finaliste de la Ligue des champions européenne. Nous espérons en tout cas que ce trophée tant attendu par les supporters du PSG, depuis des années et des années, que l'équipe qui est là aujourd'hui, à la tête l'entraîneur et les joueurs, soulèveront ce trophée là, à Londres, à Wembley d'ici quelques semaines. Parce que c'est tout le mérite de ce club. Je pense qu'ils ont travaillé assez dur pour mettre en place les infrastructures, une équipe compétitive, pouvoir ouvrir le Paris Saint-Germain au delà des frontières. La preuve, on est au Sénégal, on parle du Paris Saint-Germain. Vous partez au Rwanda, on parlera du PSG, etc, etc. Je pense que tout ça c'est bénéfique pour le club. Je reste persuadé que le PSG continue à être un grand club.

Vous revenez dans un complexe sportif qui porte le nom de votre défunt entraîneur en équipe nationale, Bruno Metsu. Qu'est-ce que vous ressentez ?
Beaucoup d'émotion. Vous savez, quand je parle de Bruno Metsu, j'ai parfois des pincements au coeur parce que j'ai vécu tellement de grands moments avec lui. Beaucoup de gens pensent que je l'ai connu à travers l'équipe nationale du Sénégal. Mais je connaissais Bruno Metsu 3 ou 4 ans avant même qu'il ne vienne en équipe nationale. Il nous a quittés très tôt et aujourd'hui, en réalité, il a laissé ce legs là, pas seulement au football sénégalais, mais pour l'ensemble des Sénégalais. Cela veut dire qu'il a laissé un legacy qui est très important, qui doit continuer, qui est porté par sa femme effectivement. Nous ne pouvons que les encourager à aller de l'avant. Nous prions pour Bruno. Bruno restera toujours dans nos cœurs. Il a été mon mentor, il restera mon mentor. Il a été un père spirituel. Il m'a accompagné à faire la carrière que j'ai fait aujourd'hui en tant que joueur, mais en tant qu'entraîneur je me suis beaucoup inspiré de lui. Que la terre lui soit légère parce qu'il a beaucoup donné pour ce pays et pour ce continent.

Ndar Mathieu FAYE