Chrono : Bicéphalisme

Cette nouveauté souhaitée par l'ensemble des disciplines sportives avait été perçue comme un rectificatif du vieux texte de 1972 qui ne parlait que d'un directeur technique national tout en restant muet sur la notion de direction technique nationale. Voilà que ressurgit le problème en moins de deux décennies comme si ce changement majeur n'avait fait que dépoussiérer une sempiternelle question  que l'on croyait définitivement rangée aux oubliettes. L'ancienne fissure s'est rouverte cette fois sous la forme d'un véritable cratère 17 ans après. Parce que la discipline concernée et la période de cette résurgence  interpellent.  En effet, après un premier sacre continental et une  3ème Coupe du monde, on pensait que le football avait fait de cette réforme un ciment pour consolider les acquis pour faire l'économie de querelles de clochers qui ont souvent plombé la vie de certaines sportives.

On ne pouvait donc en aucun cas imaginer tel scénario qui contredit tout, au point d'entacher l'évaluation du plus grand rendez-vous du football au monde. Le silence radio est décrété. Rien sur la Coupe du monde. On range tout au placard et on avance. Exactement comme si tout a été nickel, comme si c'est un sans faute que le Sénégal a réussi au Qatar. En termes de choix, d'organisation,  de moyens concernant l'équipe, on passe l'éponge. Le coach n'a toujours pas rendu son rapport technique. Un document hyper important dont la présentation constitue un éclairage sur tout et dans les moindres détails. Est ce un choix délibéré ? Est-ce une crise d'autorité qui couvait depuis longtemps qui a fini par éclater au moment où il faut plutôt déceler les failles d'un parcours, rassembler tous les facteurs de performance  et avancer ? 

Tout porte à croire que devant une telle situation, l'unicité technique dans la gestion, l'organisation et le fonctionnement de notre football qui est une des missions assignées à la direction technique nationale a pris un sacré coup. D'autant que l'absence du coach et de son rapport technique révèlent une démarche en solo hors du champ fédéral. À moins qu'un étrange bicéphalisme se soit installé au mépris des textes et  sous le regard impuissant des autorités fédérales dans la gestion technique du football. Absence volontaire ou refus déguisé, la non-présentation d'un compte rendu de la dernière Coupe du monde pose aussi le statut de l'équipe nationale A qui mérite éclairages et explications notamment dans ses rapports avec la direction technique nationale au delà des egos. 

Si les montants des primes allouées sont publiés, tous les autres détails relatifs au séjour des Lions devraient l'être aussi. Logique. Entité à part ou partie intégrante du football, voilà un véritable nœud dont il faut dénouer tous les fils pour éviter le grain de sable qui viendrait porter un coup aux grandes articulations du football. La dernière sortie médiatique du président de la FSF sur une chaîne de télévision montre à suffisance qu'on est loin d'une cabale destinée à débarquer Aliou Cissé mais d'une étape importante dans la vie d'une équipe nationale au sortir  d'une Coupe du monde et dans la perspective d'une CAN où le maintien du titre continental reste l'objectif principal. En sport, la victoire ne se décrète pas. Elle s'appuie sur des critères et à une logique. Pourvu que l'on s'y attelle. 

 Abdoulaye DABO